
Ce vendredi, les archéologues de l’AWAP ont effectué des relevés dans la tranchée creusée quai Vifquin (travaux d’égouttage préalables à la phase 3 du chantier). La veille, la Direction des Voies hydrauliques avait fait stater les travaux dans l’attente de ces relevés, les excavations ayant laissé apparaître des structures mixtes (maçonnerie, béton, bois) potentiellement intéressantes.

Les vestiges mis au jour consistent en fait en des cuves circulaires dont la base est faite de planches en bois et la partie supérieure en matériau dur (pierre et brique). Les cuves mises au jour pourraient être liées à cette activité de tannerie. Elles ont livré des fragments de cuirs. Vu la qualité des maçonneries et comme elles apparaissent très haut en stratigraphie, elles pourraient dater de la fin du 17e siècle. En effet, il est possible que lors des travaux des quais, de nouvelles cuves aient été construites dans les parties restantes des habitations. Les quelques bois récoltés lors de l’intervention archéologique pourront servir à confirmer cette datation.
Avant d’être un quai, le quai Vifquin était en fait une rue (rue de la Tannerie, puis rue des Tanneurs) bordée de maisons dont les parties arrière baignaient dans le fleuve. Ces maisons étaient occupées par des tanneurs qui profitaient ainsi du cours d’eau pour leur activité (1). La Vue du Fleuve de 1622 (2) montre ces occupations.

Lors de l’aménagement des quais sous Louis XIV, entre 1684 et 1685, ces constructions ont été amputées des parties assises dans le lit du fleuve, mais l’avant des constructions a subsisté (3). Ces édifices figurent en outre sur le plan en relief de 1701 (4) et sur la Carte de cabinet des Pays-Bas autrichiens levée à l’initiative du comte de Ferraris (1771-1778) (5). En 1812, le maire de Rasse, fait abattre les demeures adossées au fleuve. A partir de ces démolitions, la rue devient le quai impérial.
En 1819, le quai devient celui des Quatre-Bras, en commémoration de l’engagement qui eu lieu en 1815 entre les armées françaises et alliées. En 1857, le quai est rebaptisé du nom de Melle Vifquin qui avait fait un legs important d’une grande partie de ses biens au bureau de Bienfaisance (6).
(1) BOZIÈRE A.-F.-J., 1864 [1976]. Tournai ancien et moderne, Bruxelles, 1976, réimpr. Anast, p. 287 ;
(2) DESMONS F., 1905. Etudes historiques, économiques et religieuses sur Tournai durant le règne de Louis XIV, La conquête de 1667, Tournai, Casterman, p. 156.
(3) THOMAS F. et NAZET J. (dir.), 1995. Tournai. Une ville, un fleuve, Crédit Communal, p. 239.
(4) DESMONS F., 1905. Etudes historiques, économiques et religieuses sur Tournai durant le règne de Louis XIV, La conquête de 1667, Tournai, Casterman, p. 173. Conservé au musée des Beaux Arts de Lille et dont copie au musée du folklore de Tournai
(5) Bibliothèque Royale de Belgique.
(6) BOZIÈRE A.-F.-J., 1864 [1976]. Tournai ancien et moderne, Bruxelles, 1976, réimpr. Anast, p. 288.